Centrès au cœur du Ségala

Le Ségala, plateau d’altitude creusé par les rivières Aveyron, Viaur et leurs affluents était jusqu'au début du XX siècle une contrée de terres pauvres et ingrates pour le paysan Ségali.
De cette terre acide, seul le seigle ne pouvait donner que quelques maigres rendements.
Les hommes mal nourris, vêtus de chanvre, vivant dans des masures au plus près des quelques maigres animaux menaient une existence misérable.
Pliés en deux, grattant avec opiniâtreté cette terre rebelle les laborieux paysans étaient désignés : « Ventres noirs ».

Le châtaignier, cultivé en vergers était la principale source de nourriture, il était alors appelé « arbre à pain ». La construction de la voie ferroviaire et du Viaduc du Viaur a favorisé l'acheminement de la chaux, amendement reconnu pour juguler l'acidité des sols. Cet apport, lié aux nouvelles connaissances agricoles ont permis de déployer de nouvelles cultures sur les terres du Ségala.

La campagne s'est alors totalement transformée, les plateaux recouverts de landes et marécages se sont métamorphosés en mosaïques de champs de froment, de maïs et de pâtures. Le paysan et sa famille ont vu leurs conditions de travail chamboulées, et la qualité de vie s'améliorer de jours en jours.

Histoire de la commune de Centrès écrite par Roger Lauriol

La commune de Centrès a été créée en 1829 par le regroupement des 3 villages : Centrès, Taurines et Tayac.

Le 20 mai 1829, 29 ans après la création des communes françaises par le Premier Consul Napoléon Bonaparte, une ordonnance du roi Charles X instituait une nouvelle unité qui rassemblait des tronçons des municipalités de St-Just dont le village de Centrès, du Piboul pour Tayac et de la Selves, pour Taurines.
Quelques petites localités qui, par le hasard des découpages, se trouvaient incluses dans ce périmètre, dont Gargaros, Fonbonne, Soulages, Lacan, La Tour et Laval furent cédées par Cassagnes-Bégonhes.
Chacun des trois villages se trouvait éloigné des chefs- lieux de commune et le franchissement des vallées profondes du Viaur et du Céor par des chemins en mauvais état, rendait longues et pénibles les liaisons avec ces mairies.

Leur regroupement sur un même plateau, à peine creusé par la petite vallée de l'Hume, semblait donc logique.
Centrès le plus peuplé des trois à l'époque, devenait chef-lieu de la nouvelle commune et les deux autres villages n'étaient plus qu'à 5 et 6 kilomètres de la mairie.
Sa superficie totale, une des plus importantes du canton couvrait 36,71 km².
Les débuts de la jeune municipalité furent laborieux.
Les finances pour la première année équivalaient à zéro. Il fallut faire appel à l'impôt aux plus gros contribuables, avant que ne s'établisse un rythme de croisière acceptable.

Les défis étaient nombreux : construction d'une église à Taurines imposée par le pouvoir, nomination, logement et paiement des trois instituteurs, construction des trois écoles dans les trois villages, entretien et réparation des chemins, pour lesquels une journée annuelle de corvée par habitant fut instituée, ainsi que pour le tronçon de la nouvelle route de Figeac à Lodève, actuelle départementale 10, entre le Navech et Castelpers…
Une commune comprenant trois églises et trois sections de vote, ne pouvait pas être exempte de volonté d'émancipation.
Taurines, qui se considérait comme le plus républicain des trois villages fit en 1911, une demande de séparation avec celle de Centrès. Son indépendance avait cependant un coût.
Il en résulterait un appauvrissement peu supportable pour chacune des trois sections.
La Préfecture consultée émis un avis défavorable.
La question un moment occultée à cause de la guerre, fut remise sur le tapis en 1924, sans plus de succès que précédemment et les trois clochers restèrent unis.
A la fin du XX siècle, le maire Amédée Vaysse, fit sonner la fin du sectionnement et les citoyens des trois villages votèrent enfin dans le même bureau à Centrès.

La guerre de 1914 a opéré une tragique saignée parmi la jeunesse de la commune. 75 appelés étaient morts, soit 4,6% de la population.
Malgré la décroissance progressive qui s'en s'est suivie, les habitants restent farouchement attachés à leur terre et à leur mode de vie que la mécanisation agricole a considérablement facilitée.

Auteur
Roger Lauriol

Les anciens maires de la commune